La confiance en soi n’est pas un « bonus » dans le parcours scolaire, c’est un véritable moteur de réussite. À niveau de compétence équivalent, les élèves qui croient en leur capacité à progresser obtiennent en moyenne de meilleurs résultats, persévèrent davantage et osent des choix d’orientation plus ambitieux. À l’inverse, un manque de confiance entretient l’anxiété de performance, l’auto-censure et le décrochage. Comprendre comment la réussite scolaire peut nourrir une confiance durable permet de transformer de simples bonnes notes en levier de développement personnel. Que vous soyez élève, parent ou enseignant, vous pouvez structurer cette dynamique positive, l’organiser et la protéger sur le long terme.
Comprendre le lien entre estime de soi, confiance en soi et réussite scolaire
Différencier estime de soi, confiance en soi et sentiment d’auto-efficacité (bandura)
Pour retrouver confiance grâce à la réussite scolaire, une première étape consiste à clarifier trois notions souvent confondues : estime de soi, confiance en soi et sentiment d’auto-efficacité. L’estime de soi renvoie à la valeur que vous vous accordez en tant que personne : « est-ce que je me trouve digne d’intérêt, respectable, aimable ? ». La confiance en soi porte davantage sur la perception globale de vos capacités : « suis-je capable de faire face à ce qui m’attend ? ».
Le sentiment d’auto-efficacité, concept développé par Bandura, est plus précis : il concerne la croyance que vous avez de pouvoir réussir une tâche particulière (par exemple, « résoudre un exercice de deuxième degré », « réussir un exposé oral »). Les recherches montrent que ce sentiment d’efficacité personnelle prédit fortement l’engagement, le choix des défis et la persévérance. Autrement dit, quand un élève pense « je peux y arriver si je m’y mets », il augmente mécaniquement ses chances de réussite, ce qui renforce ensuite sa confiance.
Cette distinction est essentielle : un élève peut garder une bonne estime de soi générale, tout en manquant de confiance en maths ou en langues. L’objectif n’est donc pas seulement de « remonter le moral », mais d’agir sur ces croyances spécifiques de compétence scolaire. Les réussites académiques, même modestes, alimentent alors progressivement ce sentiment d’auto-efficacité, qui, à son tour, nourrit une confiance plus globale.
Impact du climat scolaire sur la confiance : regards croisés de carol dweck et vygotski
Le climat scolaire joue un rôle déterminant dans la construction de la confiance. Les enquêtes internationales (PISA 2018, OCDE) montrent que les élèves évoluant dans un environnement perçu comme soutenant et bienveillant manifestent jusqu’à 20 % de motivation en plus et beaucoup moins d’anxiété de performance. Les travaux de Carol Dweck sur la mentalité de croissance (growth mindset) montrent qu’un élève exposé à des messages du type « tu peux progresser avec de bonnes stratégies et de l’effort » développe davantage de persévérance qu’un élève entendu dans un registre « tu es doué / pas doué ».
Vygotski, de son côté, met en avant l’importance de la zone proximale de développement : l’espace dans lequel l’élève peut réussir une tâche à condition d’être accompagné. Un climat où l’erreur est acceptée comme étape normale, où le professeur propose un guidage ajusté, favorise exactement cette zone. C’est là que la réussite scolaire devient un tremplin de confiance : le jeune expérimente concrètement que, soutenu et entraîné, il peut franchir un cap qui lui semblait inatteignable quelques semaines plus tôt.
Dans un environnement qui valorise le progrès plutôt que la perfection immédiate, chaque exercice réussi devient une preuve tangible que la compétence se construit pas à pas.
Mécanismes cognitifs : attribution causale, biais de confirmation et prophéties autoréalisatrices
Le lien entre performance scolaire et confiance en soi passe aussi par la façon dont l’élève interprète ses réussites et ses échecs. L’attribution causale décrit la tendance à chercher des causes : certains attribuent une mauvaise note à un manque de capacité (« je suis nul »), d’autres à un manque de préparation (« je n’ai pas assez révisé »). Les études montrent que les élèves qui attribuent leurs résultats à des facteurs contrôlables (effort, méthode) retrouvent plus facilement confiance après un échec.
Le biais de confirmation amplifie cela : si un élève se croit « mauvais en maths », il interprète chaque erreur comme une preuve supplémentaire, et minimise ses progrès. Cette dynamique alimente de véritables prophéties autoréalisatrices : se penser incompétent conduit à moins s’engager, donc à obtenir de plus mauvais résultats, ce qui renforce la croyance de départ. À l’inverse, une série de petites réussites, correctement interprétées, enclenche un cercle vertueux où la confiance se renforce à mesure que les preuves de compétence s’accumulent.
Échec scolaire, anxiété de performance et spirale de la dévalorisation personnelle
Les données récentes montrent qu’en France, seuls 59 % des élèves de 15 ans estiment pouvoir surmonter les difficultés grâce à leur confiance, contre une moyenne OCDE plus élevée. Cette fragilité se traduit par une anxiété de performance forte : peur de l’examen, de la mauvaise note, du jugement des autres. Lorsqu’un élève associe systématiquement son résultat scolaire à sa valeur personnelle, chaque échec prend des proportions énormes, au point de déclencher des comportements d’évitement (absences, abandon de certaines matières, retrait en classe).
Cette spirale de dévalorisation personnelle repose souvent sur des expériences répétées de mauvaise note non accompagnées d’un discours constructif. Sans soutien pour analyser les causes (méthode, rythme de travail, incompréhension ponctuelle), l’élève conclut qu’il est « incapable ». Rompre cette spirale passe par une autre manière d’aborder l’échec scolaire : comme un signal d’alerte et un matériau de travail, non comme un verdict. C’est précisément là que les approches de type soutien scolaire bienveillant et coaching pédagogique prennent tout leur sens.
Développer un état d’esprit de croissance (growth mindset) pour transformer la réussite scolaire en confiance durable
Appliquer les travaux de carol dweck en classe : valorisation de l’effort versus culte de la note
Développer un état d’esprit de croissance consiste à aider l’élève à considérer ses capacités comme évolutives, et non figées. Les expérimentations menées dans plusieurs systèmes éducatifs montrent qu’un programme de quelques séances sur la plasticité du cerveau suffit parfois à augmenter significativement la persévérance et la confiance. Concrètement, cela implique de modifier certains réflexes en classe et à la maison : valoriser l’effort, les stratégies, la régularité, plutôt que le seul résultat ponctuel.
Un exemple : transformer un commentaire de type « tu es vraiment fort en physique » en « tu as vraiment progressé depuis que tu fais des exercices d’entraînement ciblés ». Ce simple glissement renforce l’idée que la réussite scolaire vient de comportements sur lesquels l’élève a prise. Dans ce cadre, la note devient un indicateur, non une étiquette. Les recherches montrent que les élèves exposés à ce type de discours de croissance choisissent plus souvent des tâches difficiles, moins « sécurisantes » mais plus formatrices.
Reformuler les auto-discours négatifs avec les techniques de restructuration cognitive (TCC)
Les techniques de restructuration cognitive, issues des thérapies cognitivo-comportementales (TCC), sont très utiles pour transformer la réussite scolaire en confiance durable. L’idée centrale : identifier les pensées automatiques négatives (« je n’y arriverai jamais », « les autres sont plus intelligents »), les mettre à l’épreuve des faits, puis les remplacer par des formulations plus réalistes et aidantes. Ce travail peut se faire avec un psychologue, un coach scolaire, mais aussi en autonomie, via un journal d’auto-observation.
Par exemple, après un 8/20 en contrôle, un élève peut noter : « Pensée : je suis nul en histoire. Faits : j’ai eu 13/20 au contrôle précédent, j’ai révisé seulement la veille pour celui-ci, je n’ai pas relu les chapitres. Nouvelle pensée : je peux faire mieux avec une préparation plus structurée ». En répétant ce processus, l’élève construit un discours interne qui soutient sa confiance, au lieu de la saboter. Les réussites futures viendront valider ces nouvelles croyances.
Utiliser la méthode SMART pour fixer des objectifs scolaires réalistes et motivants
Pour que la réussite scolaire alimente concrètement la confiance, les objectifs doivent être clairs et atteignables. La méthode SMART (Spécifique, Mesurable, Atteignable, Réaliste, Temporellement défini) est particulièrement adaptée. Un objectif vague comme « je veux être meilleur en maths » se transforme en « passer de 6/20 à 10/20 au prochain contrôle en faisant trois fiches d’exercices par semaine pendant un mois ».
Ce type d’objectif permet de célébrer chaque micro-réussite : une fiche complétée, une série d’exercices maîtrisée, une note légèrement meilleure. Psychologiquement, l’élève expérimente de façon répétée qu’il peut influencer ses résultats par des actions concrètes. Cette progression, même lente, constitue l’un des meilleurs antidotes au sentiment d’impuissance et renforce la motivation pour des objectifs plus ambitieux à moyen terme (par exemple, « atteindre 12/20 de moyenne au trimestre »).
Mettre en place un feedback formatif constructif : grille critériée, rubrics et autoévaluation guidée
Le feedback formatif joue un rôle central dans la construction de la confiance. Plutôt que de se limiter à une note globale, il décrit précisément ce qui est réussi et ce qui reste à améliorer. L’utilisation de grilles critériées ou de rubrics permet à l’élève de visualiser ses progrès compétence par compétence : structure de la rédaction, maîtrise des notions, clarté de l’argumentation, etc. Ce type de retour oriente l’attention vers la progression et non vers le classement entre pairs.
L’autoévaluation guidée renforce encore cet effet : en demandant à l’élève d’identifier lui-même ses points forts et ses axes de travail, l’enseignant l’aide à développer une posture active. Petit à petit, l’élève devient capable de dire « je sais faire ceci, je dois encore travailler cela ». Cette lucidité renforce la confiance, car elle repose sur des éléments concrets plutôt que sur une impression globale souvent dévalorisante.
Instaurer des rituels de métacognition : journaux d’apprentissage, bilans hebdomadaires et portfolios
La métacognition, c’est la capacité à réfléchir sur sa manière d’apprendre. Les recherches montrent qu’un entraînement régulier à ces compétences augmente significativement la réussite scolaire et le sentiment de compétence. Mettre en place un journal d’apprentissage où l’élève note après chaque séance : « ce que j’ai appris », « ce qui a été difficile », « ce qui a bien fonctionné », l’aide à repérer ses stratégies efficaces.
Les bilans hebdomadaires (par exemple le dimanche soir) constituent un autre rituel puissant : revenir sur la semaine, identifier trois progrès et deux points à travailler, fixe dans la mémoire les réussites souvent passées sous silence. Couplé à un portfolio (dossier numérique ou papier) où sont collectés travaux réussis, projets, évaluations commentées, ce dispositif matérialise les acquis. Face au doute, l’élève peut littéralement « feuilleter sa progression », ce qui est extrêmement rassurant.
Concevoir un plan de réussite scolaire structuré : méthodologies de travail et organisation avancée
Mettre en place un planning hebdomadaire avec time blocking et méthode GTD (david allen)
La confiance en soi se nourrit de la sensation de contrôle. Disposer d’un plan de travail structuré transforme les révisions en processus maîtrisable, au lieu d’un chaos anxiogène. La méthode du Time Blocking consiste à réserver des plages horaires précises dans la semaine pour des tâches définies : devoirs, révisions, loisirs. Combinée à la méthode GTD (Getting Things Done) de David Allen, elle permet de vider la tête des « à faire » pour les organiser dans un système fiable.
Par exemple, un élève de lycée peut découper sa semaine en blocs de 45 à 60 minutes : un bloc pour les exercices de maths, un autre pour la rédaction de français, un troisième pour la préparation d’un exposé. En co-construisant ce planning avec un parent ou un enseignant, vous aidez le jeune à prendre conscience qu’il dispose du temps nécessaire, à condition de le structurer. Cette impression de maîtrise réduit fortement l’anxiété et renforce l’idée « je peux y arriver ».
Optimiser la mémorisation avec les flashcards anki, la répétition espacée (spaced repetition) et la méthode leitner
La réussite scolaire repose en grande partie sur une mémorisation efficace. Or, de nombreux élèves se contentent de relire leurs cours, une technique peu performante. Les systèmes de répétition espacée, popularisés par des outils comme Anki, exploitent la courbe de l’oubli pour programmer des rappels au moment optimal. La méthode Leitner, qui répartit les cartes dans des boîtes selon le degré de maîtrise, renforce encore cette efficacité.
En pratique, l’élève crée des flashcards pour les définitions, formules, dates, vocabulaire. Chaque session de révision devient un entraînement actif : il se teste, constate ses progrès, voit diminuer le nombre de cartes « difficiles ». Cette expérience répétée de réussite objective – réussir à rappeler les informations sans regarder le cours – nourrit directement le sentiment de compétence. Plusieurs études montrent que les élèves utilisant la répétition espacée obtiennent des gains de 10 à 20 points de pourcentage aux tests de rappel.
Structurer les connaissances complexes avec les cartes mentales (tony buzan) et les sketchnotes
Face à des notions denses ou abstraites, la surcharge cognitive peut faire chuter la confiance : « c’est trop compliqué pour moi ». Les cartes mentales, popularisées par Tony Buzan, et les sketchnotes (prises de notes visuelles) permettent de structurer l’information en la rendant plus lisible. L’élève place le thème au centre, puis organise les sous-idées en branches, avec mots-clés, couleurs et pictogrammes.
Cette démarche rend visibles les liens entre concepts et donne l’impression de « tenir » la leçon dans sa globalité. Vous pouvez par exemple proposer à un collégien de transformer un chapitre d’histoire en carte mentale, puis d’expliquer cette carte à voix haute. Le fait de réussir à reformuler avec ses propres mots constitue une preuve forte de compréhension, qui renforce la confiance bien plus qu’une simple relecture silencieuse.
Adopter des méthodes de révision actives : pratique délibérée, testing effect et fiches de synthèse cornell
Les recherches en psychologie cognitive soulignent l’importance des méthodes de révision actives. La pratique délibérée consiste à cibler précisément les points faibles, avec des exercices légèrement au-dessus du niveau actuel, plutôt que de refaire uniquement ce qui est déjà maîtrisé. Le testing effect montre que se tester régulièrement (QCM, questions ouvertes, oraux simulés) améliore davantage l’apprentissage que de simples révisions passives.
Le système de prise de notes Cornell, avec sa page divisée en trois zones (notes, mots-clés/questions, synthèse), incite à reformuler et à interroger le contenu, plutôt qu’à le recopier. Lorsqu’un élève voit ses scores s’améliorer au fil des auto-tests, il expérimente concrètement que son travail produit des résultats. Cette corrélation claire entre effort, méthode et progression renforce puissamment la confiance en sa capacité à apprendre.
Gérer la charge cognitive grâce à la loi de pareto (80/20) et à la méthode pomodoro
La surcharge et la fatigue mentale minent la confiance, surtout en période d’examens. La loi de Pareto (80/20) appliquée aux révisions invite à identifier les 20 % de contenus qui génèrent 80 % des points ou des difficultés : notions récurrentes, compétences clés, chapitres « piliers ». En concentrant l’effort sur ces points stratégiques, l’élève augmente rapidement son sentiment d’efficacité et réduit l’impression de noyade.
La méthode Pomodoro, avec ses séquences de 25 minutes de travail concentré suivies de courtes pauses, aide à maintenir l’attention sans épuisement. En fin de journée, un élève qui peut se dire « j’ai vraiment travaillé quatre Pomodoros sur les exercices de chimie les plus importants » ressent une satisfaction mesurable, bien différente d’une soirée de révisions floues. Cette structuration du temps renforce la confiance dans la capacité à tenir la distance jusqu’aux examens.
| Outil | Objectif principal | Impact sur la confiance |
|---|---|---|
| Time Blocking + GTD | Organiser le travail hebdomadaire | Réduit l’anxiété, augmente le sentiment de contrôle |
| Anki + répétition espacée | Optimiser la mémorisation | Multiplie les expériences de succès en rappel |
| Cartes mentales / sketchnotes | Structurer les connaissances complexes | Diminue la sensation de « trop difficile » |
| Méthode Pomodoro | Gérer l’attention et la fatigue | Renforce la régularité et la satisfaction quotidienne |
Transformer les réussites scolaires en leviers de confiance : stratégies concrètes au collège, lycée et études supérieures
Construire un portfolio de réussites (projets, exposés, concours kangourou, rallyes maths, olympiades)
Les réussites scolaires, surtout lorsqu’elles sont ponctuelles, s’oublient vite. Un portfolio de réussites permet de garder une trace concrète des moments où l’élève s’est dépassé : exposés réussis, projets scientifiques, participation à un concours de type Kangourou ou aux Olympiades, témoignages d’enseignants. Ce dossier peut être numérique (dossier partagé, outil de type ENT) ou papier.
Pour un collégien ou un lycéen, voir noir sur blanc les travaux présentés, les notes positives, les félicitations écrites, constitue une base tangible pour contrer les moments de doute. Ce portfolio sert aussi de support lors des entretiens d’orientation : l’élève peut illustrer son parcours par des exemples précis, ce qui renforce sa crédibilité et sa confiance à l’oral. Pour un étudiant, il devient même un début de dossier professionnel.
Valoriser les évaluations formatives et les micro-réussites au quotidien en classe et à la maison
La confiance ne se construit pas uniquement sur les « grandes victoires » (20/20, admission à une école), mais sur une multitude de micro-réussites quotidiennes. Un exercice enfin compris, un paragraphe mieux structuré, une participation à l’oral plus assurée, sont autant de briques qui consolident l’image de soi. Le rôle des adultes consiste à repérer et nommer ces progrès, même modestes.
Concrètement, un professeur peut prendre une minute en fin de séance pour demander : « quelle petite chose maîtrisez-vous mieux qu’au début du cours ? ». Un parent peut souligner un effort de concentration, une meilleure organisation du cartable, une fiche de révision bien construite. Ce changement de focale – de la note globale vers la progression – enclenche une dynamique vertueuse où l’élève se voit capable de changer, un peu chaque jour.
Quand les réussites, même minimes, sont visibles et reconnues, l’élève cesse de se définir par ses seules difficultés et commence à se percevoir comme un apprenant en progrès.
Utiliser les projets interdisciplinaires (TPE, EPI, grand oral) pour renforcer la confiance à l’oral
Pour de nombreux jeunes, la prise de parole en public constitue un défi majeur, parfois plus intimidant qu’un contrôle écrit. Les dispositifs interdisciplinaires comme les TPE (Travaux Personnels Encadrés), les EPI (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) ou le Grand oral du baccalauréat représentent des occasions privilégiées de développer une confiance à l’oral. En travaillant sur un sujet choisi, l’élève peut s’approprier réellement le contenu.
La clé consiste à multiplier les répétitions dans un cadre bienveillant : présentations devant un petit groupe, enregistrement vidéo pour auto-observation, retours ciblés sur la posture, la voix, la structure du discours. Voir sa prestation s’améliorer d’une séance à l’autre est extrêmement valorisant. L’élève qui a réussi un Grand oral gagne souvent une confiance transférable à d’autres situations : présentation de projet, entretien d’orientation, réunion en études supérieures.
Préparer les examens (brevet, baccalauréat, partiels) avec des simulations d’épreuves et des oraux blancs filmés
Les grands examens cristallisent l’anxiété de performance. Une préparation axée uniquement sur le contenu ne suffit pas ; l’entrainement à la situation d’examen elle-même est tout aussi stratégique. Les simulations (sujets type, horaires réels, conditions proches de l’examen) permettent au cerveau de transformer un événement inconnu en tâche déjà expérimentée, ce qui réduit automatiquement le stress.
Pour l’oral, les enregistrements vidéo sont particulièrement efficaces. Un élève peut se filmer lors d’un oral blanc, puis revoir la vidéo avec un enseignant ou un parent : posture, débit, articulation, regard. Constater des améliorations nettes entre la première et la troisième simulation nourrit un sentiment de progression spectaculaire. Ce processus transforme petit à petit le trac en énergie mobilisable, et fait de l’examen une étape surmontable plutôt qu’une menace.
S’engager dans des dispositifs de tutorat et de mentorat (cordées de la réussite, tutorat universitaire) pour consolider l’image de soi
Les dispositifs de tutorat et de mentorat jouent un rôle majeur dans la restauration de la confiance, notamment pour les élèves issus de milieux défavorisés ou de première génération à accéder aux études supérieures. Les programmes de type « cordées de la réussite » au lycée ou le tutorat universitaire mettent en relation des élèves avec des étudiants avancés ou des professionnels. Voir quelqu’un de proche en âge réussir un parcours exigeant aide à se projeter.
Sur le plan psychologique, ce type d’accompagnement offre un double bénéfice : soutien académique (méthode, organisation, préparation aux concours) et soutien identitaire (« quelqu’un me croit capable »). De nombreuses enquêtes montrent que les jeunes engagés dans ces dispositifs se sentent davantage légitimes dans leurs études, ce qui se traduit par une persévérance accrue et des ambitions d’orientation plus affirmées.
Accompagner psychologiquement l’élève : rôle des parents, enseignants et psychologues scolaires
Mettre en place une alliance éducative parents–enseignants autour d’objectifs communs et mesurables
Lorsqu’un élève doute de lui, la cohérence des messages des adultes devient déterminante. Une alliance éducative parents–enseignants permet d’éviter les injonctions contradictoires (« il ne fait pas assez d’efforts » d’un côté, « le professeur ne comprend pas ton fonctionnement » de l’autre). Construire ensemble quelques objectifs communs, clairs et mesurables, facilite un discours aligné : tout le monde regarde dans la même direction.
Par exemple, fixer comme objectif partagé « stabiliser la moyenne en maths autour de 10/20 d’ici la fin du trimestre, avec deux séances de travail encadré par semaine » crée un cadre rassurant. Les parents soutiennent la mise en place du temps de travail, l’enseignant ajuste les exercices, tout en renvoyant des feedbacks descriptifs. L’élève ressent un réseau de soutien plutôt qu’un tribunal, ce qui change profondément sa manière de vivre ses difficultés.
Utiliser les entretiens motivationnels et les techniques d’écoute active (carl rogers) avec l’adolescent
L’adolescence est un moment où l’enjeu d’orientation et de réussite scolaire se mêle à la construction identitaire. Les techniques d’entretien motivationnel et d’écoute active, inspirées des travaux de Carl Rogers, sont particulièrement adaptées. Elles consistent à accueillir sans jugement les émotions du jeune, reformuler ce qu’il exprime, poser des questions ouvertes, plutôt que de lui asséner des conseils.
Par exemple, face à un adolescent qui affirme « de toute façon, je suis nul, ça ne sert à rien », une réponse de type « tu as tort, tu dois travailler » le braque. Une posture rogerienne consisterait plutôt à dire : « tu as l’impression que tous tes efforts sont inutiles, c’est bien ça ? », puis à explorer avec lui les exceptions (« y a-t-il une matière, même petite, où tu t’es déjà senti progresser ? »). Ce climat d’accueil favorise l’émergence de solutions venant de l’élève lui-même, ce qui renforce son sentiment d’agir sur sa situation.
Quand un adolescent se sent vraiment écouté, il devient progressivement capable de s’écouter lui-même, et donc de repérer ses propres ressources pour progresser.
Repérer les signaux d’alerte : phobie scolaire, burn-out scolaire et troubles anxieux de performance
Certains élèves dépassent le simple manque de confiance et développent de véritables troubles anxieux liés à l’école. La phobie scolaire se manifeste par des angoisses intenses à l’idée de se rendre en classe, souvent accompagnées de symptômes physiques (maux de ventre, nausées, crises de larmes). Le burn-out scolaire, de plus en plus documenté, associe fatigue extrême, cynisme (« ça ne sert à rien ») et sentiment d’inefficacité.
Les parents et enseignants doivent être attentifs à plusieurs signaux : chute brutale des résultats, isolement, troubles du sommeil, somatisations répétées avant les cours, discours d’auto-dévalorisation extrême. Dans ces situations, un simple ajustement de méthode ne suffit plus. Un accompagnement psychologique spécialisé devient indispensable pour restaurer non seulement la confiance académique, mais aussi la sécurité émotionnelle de base.
Collaborer avec le PsyEN, les CMPP et les coachs scolaires pour un suivi pluridisciplinaire
La restauration de la confiance en soi après des échecs répétés gagne souvent à s’inscrire dans un suivi pluridisciplinaire. Le PsyEN (psychologue de l’Éducation nationale) peut évaluer le profil cognitif et émotionnel de l’élève, repérer d’éventuels troubles des apprentissages (dys-, TDAH, etc.) ou des troubles anxieux, et proposer des aménagements pédagogiques. Les CMPP (Centres Médico-Psycho-Pédagogiques) offrent un suivi plus complet, associant psychologues, orthophonistes, psychomotriciens.
Les coachs scolaires, de leur côté, interviennent davantage sur l’organisation, la méthodologie et la motivation. Lorsqu’un élève bénéficie de ces différents regards coordonnés, il perçoit que sa difficulté est prise au sérieux mais qu’elle n’est pas une fatalité. Cette reconnaissance de la souffrance, associée à des outils concrets, constitue un terreau puissant pour que les futures réussites scolaires puissent enfin être intégrées comme des preuves solides de valeur et de capacité à se projeter dans l’avenir.
